Voici qui nous sommes

Le CRIN est une organisation créative de défense des droits humains qui se concentre sur les droits de l’enfant. Nous remettons en question le statu quo, car nous pensons que les normes régissant la place des enfants et des jeunes dans la société doivent être radicalement modifiées. Nous sommes pour le respect des droits, pas pour la charité, et nous faisons campagne pour un véritable changement dans la façon dont les gouvernements et les sociétés considèrent et traitent les moins de 18 ans. En utilisant la recherche, notre travail de formulation de politiques, l’art et notre plaidoyer pour communiquer notre vision de l’avenir, nous encourageons les gens à porter un regard critique sur le monde. 

Voici nos principes

Notre principale force réside dans nos valeurs et nos principes, qui nous ont toujours guidés dans notre travail. Le code qui suit les énonce désormais explicitement, en décrivant notre vision d’un monde respectueux des droits, la manière dont nous comptons parvenir à ce monde et le rôle que nous y jouerons, dans l'espoir que d’autres collaborent ou s’inspirent de notre travail pour lancer leur propre rébellion. 


Partie I — Nous avons une mission

Nous sommes les gardiens de la Terre, pas ses propriétaires

Il va sans dire que les êtres humains ne peuvent pas vivre et disposer de droits si demain notre planète n’est plus habitable. Veiller à ce que cela ne se produise pas est donc une condition préalable fondamentale afin de pouvoir défendre les droits humains, y compris les droits de l’enfant. Tout être humain a droit à un environnement propre et sain, mais la planète ne nous appartient pas et nous ne pouvons donc pas en faire ce que nous voulons. Il nous incombe d’agir en tant que gardien·ne·s et de préserver la planète afin que les générations futures puissent elles aussi en profiter. Cette réflexion devrait nous amener à remettre en question, non seulement notre mode de vie et notre influence sur l’environnement, mais également, la façon dont nous traitons des sujets sur lesquels nous travaillons. 

Nous demandons le respect des droits, pas la charité

Nous œuvrons pour le respect des droits des enfants, non pour promouvoir la charité envers eux·elles. Les droits et les libertés ne sauraient être donnés ou offerts par charité ; ils ne peuvent pas être l’objet d’actes de bienfaisance. Pourtant, cette méprise informe la réponse quotidienne aux violations des droits humains impliquant des enfants. En réalité, la charité ne fait qu’exprimer un sentiment de pitié sans s’attaquer aux problèmes auxquels les enfants sont confrontés. C’est pour cela que nous luttons contre les causes, et non pas les symptômes, des violations des droits de l’enfant. Nous cherchons des solutions à long terme, non des remèdes à court terme. Les enfants doivent être considérés comme des personnes à part entière disposant de droits, et non des victimes passives en quête de bienfaisance. 

Nous estimons que les droits de l’enfant sont des droits humains 

Les enfants sont des êtres humains ; les êtres humains ont des droits ; donc les enfants bénéficient des droits humains. S'il est vrai que les enfants possèdent des droits qui leur sont propres en raison des vulnérabilités particulières qu'ils présentent du fait de leur jeune âge, ils sont également titulaires des droits humains universels qui s'appliquent à tous les individus partout dans le monde. Les droits à la liberté d'expression, à la vie privée, à la santé et à la liberté de religion et de croyance, par exemple, ne s'appliquent pas à des groupes d'âges particuliers, mais à tous, quelque soit l’âge. Nous devons donc reconnaître et défendre l'ensemble des droits humains des enfants. 

Nous réclamons la justice, sans compromis

Loin de n’être que de simples objectifs à atteindre ou des promesses, les droits humains sont des obligations, et il doit toujours y avoir un moyen de les faire respecter. En ce sens, l’accès à la justice est essentiel. Non seulement il fait partie intégrante du respect des droits humains, mais il fait aussi des autres droits une réalité, car sans lui, les autres droits ne resteraient que des promesses. Tous les êtres humains devraient pouvoir faire usage d’un système judiciaire auquel ils peuvent confier la protection de leurs droits. Cette protection doit être garantie au travers de mesures rapides, justes et efficaces en cas de violation desdits droits. Toute autre solution est insuffisante. Bien que l’accès à la justice concerne tout autant les enfants que les adultes, les droits de l’enfant dans ce domaine ont longtemps été négligés et ignorés.

Nous voulons la redevabilité des personnes et des institutions, pas l’immunité 

Toute personne œuvrant pour la défense des droits humains se doit d’assumer les conséquences de ses actions, comme de ses inactions. Nous ne sommes pas intouchables et nous ne sommes pas sur un piédestal moral uniquement en raison du travail que nous effectuons. Le manque de transparence, les dissimulations d’informations, l’absence d’action lorsque celle-ci est nécessaire, ou des explications et excuses présentées seulement lorsque les erreurs éclatent au grand jour, sont autant de signes d’une intention d’échapper à ses obligations envers les enfants et de privilégier les besoins d’une institution au détriment de ceux de ses bénéficiaires. L'attente de transparence, d'action significative et de redevabilité s'applique à tous les niveaux, des États aux institutions internationales, en passant par les ONG et les donateurs.

Nous célébrons la diversité, pas l’uniformité 

Il n'y a pas de changement positif sans la mise en commun de divers groupes de personnes. Le fait d'être fermé à de nouvelles façons de travailler, à des idées ou points de vue différents, ou à des personnes différentes ne sert qu'à protéger le statu quo de ce sur quoi des organisations comme la nôtre travaillent, de la manière dont nous faisons les choses et de ce à quoi nous ressemblons. Rassembler les gens autour d'un objectif commun ne devrait pas seulement impliquer les personnes qui partagent les mêmes idées et celles que nous connaissons déjà, mais aussi et surtout celles que nous n'avons jamais rencontrées ou avec lesquelles nous n'avons jamais travaillé. Cela concerne à la fois nos partenaires et nos collègues, car c'est en travaillant avec des personnes issues de milieux, d'identités et d'expériences différents que nous nous exposons à une diversité de points de vue, d'expériences et d'approches. Cela permet aux organisations comme la nôtre de sortir de leurs zones de confort uniforme.


Partie II — Nous avons des convictions

Nous sommes idéalistes, et non pas pragmatiques 

Nous restons fidèles à nos principes et ne cédons pas au pragmatisme. Nous n’hésitons pas à nous exprimer même lorsque la majorité reste silencieuse. Bien que parfois cela nous amène à être les seul·e·s à vouloir briser les tabous, nous assumons notre rôle et nous ne reculons pas face à ce qui se doit d’être contesté. Nous comprenons que les compromis et les évolutions progressives peuvent parfois être la seule solution pour faire avancer la situation, mais nous ne pouvons pas nous en contenter. C’est pourquoi nous souhaitons nous réapproprier le radicalisme ; de nombreuses idées considérées comme parfaitement normales aujourd’hui étaient vues comme radicales dans le passé. 

Nous cultivons un esprit critique, plutôt qu’une attitude conciliante 

Ce n’est pas parce qu’une pratique se produit quotidiennement, qu’elle n’est pas pour autant abominable et qu’elle ne peut pas être changée. Faire preuve d’esprit critique est un élément fondamental; nous devons constamment remettre en question le monde dans lequel nous vivons ainsi que les normes et les principes sur lesquels nous nous appuyons. Il s’agit simplement de se poser des questions et de ne pas se sentir dans l’obligation de se conformer à tout. Dans ce monde riche en informations diverses, nous possédons les ressources nécessaires pour y parvenir. Cependant, ce même monde est inondé de désinformation. C’est pour cette raison qu’il est impératif de faire preuve d’esprit critique. 

Nous promouvons l’intersectionnalité, et sommes contre toutes les formes d'oppression

La réalisation des droits de l'enfant est freinée non seulement par la discrimination à l'encontre des moins de 18 ans en raison de leur jeune âge, mais aussi par toutes sortes d'oppressions structurelles. Pour soutenir l'avancement des droits humains des enfants et des jeunes, nous devons remettre en question toutes les structures de pouvoir qui profitent à quelques-uns et qui servent à se renforcer mutuellement - telles que le patriarcat, le racisme, l'âgisme, le validisme, le capitalisme et le privilège blanc. Nous souhaitons contribuer à construire un système inclusif qui place chacun sur un pied d'égalité. Comprendre comment les inégalités se manifestent et sont interconnectées dans la vie des enfants est essentiel pour démanteler les dynamiques et les structures qui maintiennent l'oppression en place. 

Nous croyons au pouvoir de l’imagination

Si nous ne pouvons pas imaginer le monde pour lequel nous luttons, nous ne pourrons pas y parvenir. Si nous voulons être efficaces dans ce monde en constante évolution, nous devons faire preuve de créativité et d’adaptation. Même si nous pouvons parfois être sceptiques, nous ne laissons pas pour autant le pragmatisme censurer nos idées et notre imagination. Tout changement débute par une idée. L’histoire regorge d’exemples de petits groupes de personnes qui ont uni leurs forces autour d’une idée, qui a ensuite changé le monde. Il suffit de trouver cette idée, de l’explorer et de la partager. 

Nous nous efforçons de promouvoir les droits de l’enfant, et non pas notre propre organisation

L’ultime objectif de notre travail est d’assurer le respect des droits de tous les enfants. Nous luttons sans relâche afin d’atteindre notre but le plus vite possible, et ainsi cesser notre activité. En basant notre existence sur nos objectifs et non sur notre survie, il n’y a rien que nous ne puissions accomplir. Nous ne choisissons pas les sujets sur lesquels nous travaillons pour nous donner une bonne image ; nous les choisissons parce que nous jugeons qu’un changement est indispensable. Notre succès se mesure en fonction du changement lui-même, non pas en fonction de la fréquence à laquelle notre nom apparaît dans la presse ou au nombre d’accomplissements auxquels notre nom est rattaché. 

Nous croyons dans l’échec, pas dans les victoires faciles 

Les organisations comme la nôtre sont devenues incapables d’admettre ouvertement leurs propres échecs et d’en discuter. Ce comportement peut résulter d’une volonté de sauver les apparences aux yeux des donateurs ou de la concurrence entre organisations, que celle-ci soit réelle ou perçue. Mais cela nous ralentit. En réalité, nous pouvons apprendre davantage de nos échecs que de nos réussites exposées aux regards des autres. Et la force de l'apprentissage est doublée lorsque nous pouvons apprendre ouvertement les un·e·s des autres. Nous n’en sommes pas encore là nous-mêmes mais nous nous efforcerons de décrire ouvertement les erreurs que nous commettons, dans l’espoir que d’autres en fassent autant et que nous puissions tous avancer ensemble. 


Partie III — Nous en avons les moyens 

Nous promouvons l’utilisation d’un langage simple et accessible, et rejetons le jargon

Nous croyons au pouvoir du langage. Nous encourageons l’utilisation de termes clairs afin de rendre accessibles à tous·tes, toutes les informations sur les droits de l’enfant. Nous illustrons nos publications par des créations artistiques plutôt que par des photos d’enfants qui ne font qu’évoquer la pitié et inspirer la charité. Nous nous efforçons d’éviter le jargon technique et continuerons à nous moquer de notre secteur lorsqu'il utilisera ce jargon. Mais nous dénoncerons également ceux·celles· qui emploient abusivement le langage des droits humains afin de justifier la violation des droits d’autrui.

Nous préférons utiliser notre réseau plutôt que de nous élargir

Nous sommes une petite organisation mais nous avons de grands rêves. Nous pensons que chercher à nous développer à tout prix pourrait entraver notre progression et limiter notre autonomie. Nous ne souhaitons pas nous développer, mais plutôt mieux travailler en réseau, mieux collaborer. Notre petite taille nous permet d’être dynamiques, flexibles, fiables et audacieux·ses· ; cela signifie que nous pouvons nous adapter à de nouvelles situations et à de nouveaux environnements lorsque nécessaire, mais aussi continuer à préserver farouchement notre indépendance et rester fidèles à nos principes. Nous privilégions la qualité, et non la quantité. 

Nous sommes plus forts ensemble, pas en travaillant de manière isolée

Nous pensons que faire des droits humains une réalité pour les enfants comme pour les adultes est une responsabilité collective, et non limitée à des organisations à but non lucratif. Si nous parvenons à mener à bien nos actions, c’est parce que nous défendons une idée commune avec d’autres. L’histoire nous a d’ailleurs prouvé qu’il est plus difficile d’ignorer un ensemble de personnes qu’une voix isolée. Il est toutefois essentiel que cet ensemble inclut celles et ceux dont nous défendons les droits. Pour y parvenir, non seulement nous explorons les possibilités d’impliquer systématiquement les enfants et les jeunes dans notre activité, mais nous continuerons également à militer pour une réforme systémique des lois et des mentalités qui privent les enfants de leur droit de s’exprimer et de se représenter eux-mêmes avec leurs propres mots. 

Nous sommes pour le partage, non l’appropriation  

Notre activité est basée sur le mouvement open source. Ce terme technique, qui désignait au départ l’accès libre au code source des logiciels, décrit désormais un mouvement dédié à la participation ouverte et au partage des connaissances et des compétences. Dans le cadre de notre activité, toutes nos publications sont librement accessibles en ligne, conformément à la licence Creative Commons pour une utilisation non commerciale. Nous partageons également le processus qui sous-tend notre travail. Cela va de la création de boîtes à outils pour que d'autres puissent reproduire ou s'inspirer de ce que nous faisons, à la publication de nos réflexions en coulisses afin d'ouvrir la conversation au-delà de notre organisation et d'inviter les gens à participer dès le début. 

Nous mettons en pratique notre éthique, au lieu de nous contenter d’en parler

Si nous croyons à la remise en cause du statu quo, nous sommes profondément attachés à l’éthique. C’est ainsi que nous gérons notre propre organisation : de la révision régulière des règles sur le lieu de travail, la prise de décision, la flexibilité du travail pour le personnel, à la non-discrimination et la manière de traiter des problèmes. Nos considérations éthiques dépassent même le cadre de notre organisation et les sujets que nous traitons. Il s'agit également d'agir de manière éthique au-delà de notre organisation ; c'est pourquoi les partenaires, les entreprises, les banques, les donateurs et les prestataires de services avec lesquels nous travaillons doivent partager nos valeurs. 

Nous avons comme objectif de protéger les enfants, pas notre organisation 

Notre engagement en faveur des droits de l’enfant signifie que nous nous engageons à protéger les enfants, en particulier celles et ceux avec lesquel·le·s nous collaborons. Par conséquent, nous exigeons de notre personnel, de nos représentant·e·s, y compris les membres de notre conseil d’administration, qu’ils observent un comportement exemplaire à l’égard des enfants, tant dans leur vie professionnelle que dans leurs vies privées. Nous attendons également de nos partenaires qu’ils adoptent des politiques de sauvegarde des enfants similaires. Pour nous tous, la sauvegarde des enfants n'est pas un simple exercice de cases à cocher, mais notre raison d’être. Ce sont les enfants qui passent en premier à tout prix, pas notre organisation.